DÉFINITION ET OBJECTIFS 

L’économie du développement est un ensemble de pratiques publiques et privées encourageant le développement économique d’un pays ou d’une région, en favorisant la propension à investir, innover, entreprendre, se former, travailler.
L’objectif est de réunir une masse critique de facteurs de production pour atteindre une croissance économique suffisante, apportant notamment une amélioration sensible du niveau de vie des habitants de la zone concernée.
L’économie du développement, en tant que branche à part entière de l’économie, date de la fin de la Seconde Guerre mondiale. Auparavant les études relatives aux pays pauvres faisaient parti de l’analyse de la croissance. Il n’y avait pas de théories spécifiques à ces pays. Ce n’est que dans les années cinquante que les économistes vont s’attacher à développer des outils propres aux pays en développement [1]. Parmi les pionniers du développement on peut citer Paul N. Rosenstein-Rodan, Albert O. Hirschman, Arthur Lewis, Regnard Nurkse, Gunnar Myrdal et Raúl Prebisch. Les premiers travaux des pionniers du développement ne distinguaient pas développement économique et croissance économique. Le développement signifiait obligatoirement l’obtention d’une croissance économique sur longue période. Et inversement toute croissance créerait une amélioration du bien-être de la population et une diminution de la pauvreté. Les travaux s’intéressaient donc aux déterminants de la croissance. Les premières politiques préconisées portaient sur un investissement massif de façon à sortir du sous-développement et mettre en oeuvre un cercle vertueux. Par la suite les économistes du développement ont introduit la séparation entre développement et croissance. Le développement ne peut se faire sans croissance mais une politique de développement doit s’attacher également à réduire les inégalités, satisfaire les besoins fondamentaux…
L’évolution de la pensée économique du développement est généralement découpée en trois phases.


 Les pionniers du développement (1945 – 1960/65)

Dans le contexte d’après guerre marqué par la décolonisation en Asie et en Afrique, du développement des institutions de Bretton Woods et durant la guerre froide la lutte contre la pauvreté était vu comme un moyen de garder ces pays dans le camp occidental, l’économie du développement s’élabore. Les principaux travaux s’attachent à montrer les spécificités structurelles des pays en développement: les cercles vicieux de la pauvreté (Nurkse), le dualisme (Lewis 1955), la croissance équilibrée (Rosenstein-Rodan, Nurkse), la croissance déséquilibrée (Hirschmann), les étapes de la croissance économique (Rostow)…
Le sentiment qui prédominait était un grand espoir, le sous-développement pourrait être résolu rapidement. A cette période, le développement était synonyme de croissance du revenu national. Le manque de capitaux étant le principal obstacle au développement, les politiques de développement s’orientaient vers une aide publique au développement inspirée du plan Marshall. Etant donné le manque de capitaux, la question de la meilleure allocation qu’il soit de l’investissement se posait avec acuité.
Le secteur clé des pionniers du développement était l’industrie. Les politiques de développement prônées dans cette période d’après guerre s’évertuaient à lancer l’industrialisation des PED sur l’exemple de l’industrialisation des pays avancés.
Le modèle d’Harrod-Domar mettait en lumière le besoin de capitaux des PED. Le taux de croissance dépendait du taux d’épargne; le niveau bas de ce dernier dans les PED devait être compensé par l’aide étrangère. Rosenstein-Rodan allait dans le même sens. Du fait de l’indivisibilité de certains investissements, une grande poussée (big push) était nécessaire.
L’allocation des capitaux restait un sujet débattu, entre les partisans d’un investissement limité à certains secteurs (croissance déséquilibrée, Nurkse) et les partisans d’un investissement plus large (croissance équilibrée, Hirschman).

 La phase de radicalisation (1960/65 – 1975/80)

L’économie du développement s’est radicalisée au cours des années 60. Le sous-développement est alors vu comme la résultante de causes externes. Plusieurs théories vont dans ce sens: théorie de la dépendance, théorie de l’échange inégal, analyse centre-périphérie.

 La période de la gestion de la crise (1975/80 – 1995)

MOYENS DEVELOPPEMENT

Les pratiques favorisant le développement peuvent se situer au niveau des dispositions légales, de l’adaptation des infrastructures et de l’éducation, voire de certaines incitations financières. Robert Solow a examiné de près ces aspects, ainsi bien entendu que les organismes publics (Banque mondiale) ou privés (Fondation Soros) chargés de promouvoir le développement.
La transition entre une économie sous-développée et une économie en développement suppose un cumul suffisant, dépassant un seuil critique d’initiative, d’adaptation culturelle, éducative, et législative, et de moyens matériels. En particulier, les exemples des pays émergents, y compris des plus importants en population tels que la Chine, l’Inde et le Brésil, ont montré que le démarrage économique était favorisé par l’introduction de mesures de libéralisation des initiatives privées relevant du libéralisme économique.

 Amorçage du développement : lieux et secteurs

Concernant la nature et la localisation des projets d’amorçage, on distingue :
• le développement partant de la base, à partir de micro-projets très localisés, associant la population et faisant confiance à son initiative,
• et le développement à partir de gros projets d’investissements, qui bien que nécessaires et, pour certains, indispensables, peuvent avoir des effets plus aléatoires et moins « entraînants » pour le reste de l’économie.
Les théories modernes de développement (Michael Porter) insistent par ailleurs sur la notion de pôle de compétence géographique, où se regroupent des savoir-faire apportant une excellence exclusive, source d’avantage compétitif. Le pivot peut être est une université dotée d’un centre de recherche de renom et très motivée par la coopération avec les entités économiques et financières. Deux exemples:
• La Silicon Valley regroupe ces trois compétences : universitaire (Stanford, Berkeley, Santa Clara), entreprises technologique (la première fut Hewlett-Packard) et fonds de capital risque.
• Des pays émergents, comme l’Inde (Bangalore, Bombay pour la sous-traitance de logiciels informatiques et pour les principes actifs pour médicaments génériques), la Chine (industrie spatiale) et le Brésil (génétique agricole), jouent, outre des activités plus classiques à main d’œuvre non qualifiée, ce domaine de l’avancée technologique.

3 TYPES DE PAYS PAR RAPPORT AU DEVELOPPEMENT

Une distinction peut être faite entre

pays développés,
• pays émergents (pays en voie de développement / pays en développement),
• et pays sous-développés.
Les aspects sociétaux différent des uns aux autres et leur étude fait l’objet de la sociologie du développement.
A noter qu’il peut y avoir déclin économique de pays jusque là développés (par exemple, l’Argentine était une puissance économique au début du XXe siècle). Il peut provenir indépendamment de circonstances imprévisibles internes ou externes,
• soit d’erreurs économiques et d’imprévisions,
• soit d’un relâchement de l’attitude face aux efforts et adaptations nécessaires pour maintenir le développement, lequel n’est jamais assuré.

4 EVOLUTION DES TYPES DE DÉVELOPPEMENT

 Développement humain

 Développement durable

Certains prônent le développement durable ou la croissance durable, en gérant de façon parcimonieuse tout ce qui est ressource naturelle dont certaines pourraient se tarir ou se dégrader.
Cette gestion est certes nécessaire, mais l’économie moderne, dite économie post-industrielle relève de l’économie du savoir, dont la matière première (et, en parallèle, le facteur de production déterminant) est l’éducation, l’information, le savoir faire, la créativité.
Il y donc moindre utilisation de ressources physiques, sauf dans les pays émergents où il s’agit de passer par une phase industrielle. Par exemple nombre d’activités de service (à l’exception des transports) et les secteurs de haute technologie (logiciels informatique, réseaux de télécommunication) consomment bien moins de matière et d’énergie que des secteurs économiques plus « mûrs », tels que l’automobile par exemple.
En tout cas, le développement durable est considéré comme un objectif pour l’humanité et il hypothèque les conditions de vie des générations futures.


×