DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE DU SENEGAL

DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE DU SENEGAL

 PRÉSENTATION

Développement, économie du, branche de l’analyse économique s’intéressant aux facteurs explicatifs des phénomènes de sous-développement et de pauvreté.

L’ÉCONOMIE DU DÉVELOPPEMENT, UNE ANALYSE RÉCENTE ET « DÉMYTHIFIANTE »

L’essentiel du corpus théorique développé par les économistes concernant ce qu’il est devenu courant de dénommer « l’économie du développement » est relativement récent, puisqu’élaboré dans le courant des années cinquante. Avant cette date, les théories économiques relatives au sous-développement se confondaient avec l’analyse traditionnelle des déterminants de la croissance (voir taux de croissance).
Si, grâce à l’apport d’une perspective historique « large », il est permis d’affirmer que, pendant longtemps, le « sous-développement » a été le quotidien des hommes, les premiers analystes qui ont abordé cette thématique du sous ou du mal développement ont nuancé le propos et contribué à rompre avec un système de pensée que l’on pourrait qualifier d’exotique. En effet, le sous-développement n’était envisagé que comme la résultante de facteurs d’ordre institutionnel — le colonialisme (voir colonisation) — ou d’ordre culturel et psychologique — mentalités primitives, propension à l’indolence des populations indigènes —, soit autant d’arguments à la lisière de la discrimination raciale.

LES THÉORIES EXPLICATIVES DU SOUS-DÉVELOPPEMENT ET LEURS LIMITES

Les théories

Les théories explicatives du sous-développement peuvent se classer en deux catégories distinctes, qui toutefois se rejoignent quant à l’analyse des effets du colonialisme sur les pays composant le tiers-monde.
La première catégorie met l’accent sur la situation de dépendance dont ces pays ont été les victimes. L’industrialisation des pays développés se serait appuyée sur le pillage des ressources en matières premières dont disposaient les colonies ; interrompu lors de l’accession à l’indépendance politique de ces nations, ce pillage se poursuivrait toutefois par la perpétuation d’un échange inégal.
La seconde catégorie s’appuie sur l’analyse du développement élaborée par Rostow — notamment la notion de take-off —, qui repose sur un schéma historiciste de croissance des sociétés industrialisées. Le sous-développement serait ici la conséquence d’un retard historique pénalisant les sociétés du Sud.

 La contre argumentation

Pour pertinentes que soient ces théories, il apparaît hasardeux de réduire cette question complexe de la pauvreté à la seule conséquence de l’exploitation d’un Sud pauvre et peu industrialisé par un Nord prédateur et « pillard » de richesses. Il est vrai que le colonialisme politique s’est mué en colonialisme économique (les pays développés fournissent l’essentiel des produits manufacturés consommés par le tiers-monde ; ceci explique, pour une large part, les phénomènes de désindustrialisation qui caractérisent les économies des pays pauvres). Cependant, pour incontestables que soient les effets négatifs de cette politique, le colonialisme ne semble pas avoir eu l’effet déterminant qui lui a été prêté.
Les premiers pays occidentaux qui ont accompli leur révolution industrielle l’ont fait en exploitant leur propre main d’œuvre et leurs propres ressources, principalement énergétiques : il en est ainsi de la Grande-Bretagne, grande puissance industrielle avant de devenir une puissance coloniale. Le propos peut toutefois être infirmé par la constatation que les pays d’Europe, lorsqu’ils ont effectué leur révolution industrielle, n’étaient pas soumis à une tutelle comparable à celle de nombreux pays du Sud. Il n’en reste pas moins vrai que les pays dits riches l’étaient avant la révolution industrielle et que ceux qui forment aujourd’hui le tiers-monde étaient déjà défavorisés. La conclusion qui peut être tirée de ces différentes constatations est impitoyable et effrayante : les pauvres semblent condamnés à le rester, voire à s’appauvrir davantage, tandis que les riches ne peuvent que s’enrichir.

UNICITÉ OU VARIÉTÉ DU SOUS-DÉVELOPPEMENT ?

Le vocabulaire utilisé en économie du développement semble condamner l’idée qu’il existerait une seule forme de pauvreté et une seule structure économique qui aboutirait inéluctablement au retard. Sous-développement, mal développement, pays les moins industrialisés (PMA), pays à faibles revenus ; autant d’expressions passées dans le langage courant qui établissent une hiérarchie dans la pauvreté et qui illustrent la possibilité de distinguer, parmi les plus démunis, ceux qui ont peu de ceux qui n’ont rien.

LA DIVERSITÉ DES INDICATEURS STATISTIQUES…

Les indicateurs statistiques mesurant le développement des nations sont eux-mêmes variés : taux d’alphabétisation, mesure de la mortalité, notamment infantile, revenu par tête, indice de développement humain et structure de la population active — un pays dont une grande partie de la main-d’œuvre est employée dans l’agriculture est, a priori, à un degré de développement moindre qu’un pays dont la main d’œuvre est principalement occupée dans le secteur tertiaire, à l’instar des pays industrialisés — constituent autant d’éléments permettant de classer tel pays parmi les pays sous-développés. Plus de 130 pays du monde appartiennent ainsi, à un degré ou un autre, au tiers-monde, et 78 p.100 de la population mondiale se partage 20 p. 100 du PIB mondial.

REFLET DE SITUATIONS CONTRASTÉES ET DE POLITIQUES ÉCONOMIQUES PARFOIS OPPOSÉES

La variété des situations de sous-développement peut également s’apprécier dans la diversité des politiques économiques mises en œuvre pour s’affranchir de cet état. Qu’elles se soient orientées vers la mise en valeur de ressources naturelles — agricoles ou pétrolières dans le cas de certains pays —, qu’elles aient misé sur une industrialisation à outrance selon un schéma de croissance endogène (ou « interne ») s’accompagnant de mesures protectionnistes ou, au contraire, parié sur une large ouverture vers les marchés internationaux en vue d’attirer des capitaux étrangers afin de financer leur croissance intérieure, aucune de ces politiques n’a permis à ces pays d’assurer leur transition vers des schémas de croissance durable. Cumulant, à un titre ou un autre, de lourds handicaps — endettement élevé auprès des grandes institutions financières internationales (FMI, Banque mondiale, banque des règlements internationaux), croissance démographique mal maîtrisée, main d’œuvre peu formée (notamment lorsque le taux d’alphabétisation est faible) —, les pays du tiers-monde ont encore la plus grande peine à s’extirper du cercle vicieux de la pauvreté. Voir pays en voie de développement.


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