LE BRESIL : UNE PUISSANCE DU TIERS-MONDE
INTRODUCTION
Avec un PNB global de 1484,99 milliards de dollars en 2009, soit environ 2,49 % du revenu mondial, le Brésil est la première puissance économique de l’Amérique Latine et de l’hémisphère Sud et la 8 e du monde. Cependant il occupe par son PNB / hts (7662 $ en 2009) et son I.D.H (0,8 en 2007), respectivement les 102 e et 69 e place dans le monde. Il est alors considéré comme une puissance du tiers-monde. Malgré ses réussites économiques, il est marqué par une forte dépendance extérieure et de profondes inégalités sociales et régionales.
I- LES FACTEURS DE LA RÉUSSITE ÉCONOMIQUE DU BRÉSIL
1- Des ressources naturelles considérables
5 e pays par sa superficie, le Brésil dispose d’un immense territoire de 8 547 400 km2 essentiellement situé dans la zone équatoriale ou tropicale humide, même si le plateau brésilien connaît des problèmes d’aridité. Le Brésil est constitué surtout de plaines sédimentaires arrosées par l’Amazone, le plus puissant fleuve du monde. L’Amazone fertilise les terres et permet le développement de l’irrigation et la production d’hydroélectricité qui représente en 2002, 82,68% de la production électrique du pays. Le Brésil est aussi doté d’importantes ressources minières et énergétiques. Il est en 2003 le 3 e producteur mondial de fer, le 2 e pour les phosphates, le 4 e pour la bauxite, le 5 e pour l’étain et le 9 e pour le nickel. Les réserves et la production d’hydrocarbures sont croissantes et le pays occupe en 2003 le 17 e rang mondial pour les réserves de pétrole. Au total, le Brésil dispose de conditions naturelles favorables au développement économique particulièrement agricole et industriel.
2- L’efficacité des stratégies de développement
Le Brésil profite de son important marché de consommateur de ses coûts de production relativement faible et d’un système financier solde pour attirer les investisseurs étrangers. Grâce au transfert de technologies et de capitaux le Brésil réalise les taux de croissance supérieurs à 5% sauf en 2009 où son économie a été fortement affectée par la crise économique et financière.
Les stratégies de développement brésiliennes s’appuient sur l’importance des investissements et des exportations.
II- LES PERFORMANCES ECONOMIQUES
1- Une agriculture performante
Production agricole en 2009 : Cheptel en millions de têtes, bois en milliards de m3, autres en millions de tonnes.
bois | 223,161 | 4e rang mondial |
café | 2,368 | 1e rang mondial |
cacao | 555 | 2e rang mondial |
orange | 18,408 | 1e rang mondial |
mais | 53 | 3e rang mondial |
bovins | 175,437 | 1e rang mondial |
porcins | 40,5 | 3e rang mondial |
Source: Atlaséco 2011.
L’agriculture est secteur clé de l’économie brésilienne, elle mobilise 18,1% des actifs et fournit 6,7% du PIB. Le Brésil est le 3e pays exportateur de produits agroalimentaires dans le monde derrière les Etats Unis et l’Union Européenne (40% des exportations sont assurés par l’agriculture). Le brésil est le 1er producteur mondial de café, de fruits tropicaux, etc. Il dispose aussi du plus grand troupeau de bétail commercial du monde. L’agriculture brésilienne attire de nombreux groupes mondiaux de l’agroalimentaire et des biocarburants. Les excédents de la balance agricole servent à payer les services de la dette et à investir dans la modernisation de l’économie et des infrastructures.
2- Un nouveau pays industrialisé
L’industrie est un secteur économique en pleine expansion. Grace aux délocalisations qui y sont réalisées par les firmes multinationales américaines, européennes et asiatiques le Brésil est le plus grand pays industriel. Ce secteur emploie 21,6% de la population active et fournit 28,2% du PIB, il repose avant tout sur l’abondance des ressources naturelles du pays. L’industrie minière est très développée : le Brésil est le deuxième exportateur mondial de fer et l’un des principaux producteurs d’aluminium et de la houille. Il s’impose de plus en plus dans les secteurs du textile, de l’aéronautique, de la pharmacie, de l’automobile, de l’informatique, de la chimie, etc.
3- Un secteur tertiaire dynamique
Commerce extérieur brésilien en milliards de dollars
Années | 2008 | 2009 |
Exportations | 197,942 | 152,99 |
Importations | – 173,107 | – 126,776 |
Source: Atlaséco 2011.
Solde commercial = exportations – importations
Solde 2008 = 197,942 – 173,107 = + 24,835 milliards de dollar
Solde 2009 = 152,995 – 126,776 = + 26,219 milliards de dollar
Le Brésil est la première puissance commerciale de l’Amérique Latine. En 2009, sa balance commerciale est excédentaire (26,219 milliards de dollar) malgré l’impact négatif de la crise sur son économie. Les exportations brésiliennes portent sur des produits agroalimentaires (40%), des produits manufacturiers et des services. Le Brésil importe des produits manufacturiers et des services, ses principaux partenaires sont les pays du Mercosur (Argentine, Paraguay, Uruguay), les Etats Unis et la Chine.
III- LES LIMITES DU MODÈLE DE DÉVELOPPEMENT BRÉSILIEN
1- Une forte dépendance extérieure
Pour son développement économique, le Brésil a surtout profité des marchés et des capitaux des pays riches comme les Etats Unis et l’Union Européenne, le Japon etc. Cette extraversion de l’économie pose certains problèmes. Les cultures commerciales sont privilégiées au détriment des cultures vivrières. Le Brésil est aujourd’hui l’un des pays les plus endettés du monde avec une dette extérieure brute qui représente 41,66% du PIB. Les excédents commerciaux servent surtout au remboursement de la dette. Pour faire face au service de la dette, le Brésil a privatisé des entreprises nationales et bénéficie d’un rééchelonnement. La dépendance extérieure et la dette constituent une contrainte pour le développement du pays.
2- Des inégalités sociales importantes
La société brésilienne demeure l’une des plus inégalitaires au monde : 10% des foyers les plus riches détiennent 45,3% du revenu national, alors que les 40% des plus pauvres n’en reçoivent que 10,6%. Entre 1980 et 2000, l’exclusion sociale s’est accrue de 11%, touchant 47,3% de la population. Elle touche surtout les « peuples de couleur ». Environ 30 à 40 millions de brésiliens seulement ont profité de la croissance. La pauvreté ne cesse d’augmenter d’autant plus que l’objectif prioritaire du gouvernement LULA est d’obtenir la confiance des marchés internationaux par un assainissement des finances publiques. Pour les autorités, c’est la voie d’une croissance forte susceptible de répondre aux objectifs d’une plus grande justice sociale. Les programmes de réforme agraire et de construction de logements urbains sont alors en attente. La main-d’œuvre abondante est exploitée par les multinationales. 30 millions de brésiliens sont victimes de malnutrition. Dans les campagnes, les inégalités s’expriment par l’opposition entre les Latifundia et Minifundia. Les fazendas représentent 1% des exploitations mais occupent 40% des superficies cultivables alors que les paysans sans terre (les cablocos) sont très nombreux. Dans les villes, s’opposent les quartiers aisés (des centres villes, banlieues résidentielles) et des bidonvilles ou Favelas. Les inégalités et la pauvreté sont renforcées par l’explosion démographique et urbaine. La fécondité malgré une baisse est de 2,14 et les moins de 15 ans représentent 27,52%. Ainsi, 7 à 9 millions d’enfants abandonnés vivent dans les rues. Le taux d’urbanisation est de 82,80% mais l’accroissement urbain de 1,89 demeure élevé. Les inégalités sont de plus en plus d’origine raciale elles génèrent violence et insécurité.
3- Des inégalités régionales considérables
Entre les régions industrielles développées et les régions agricoles les plus archaïques, les écarts de développement sont donc tels que certains auteurs ont parlé à propos du brésil d’une « suisse au milieu du Pakistan ». Le sud-est est le cœur du pays à tous les points de vue : il concentre 43 % de la population, mais surtout 80 % de la production. Il est délimité par le triangle Sao Paulo-Rio de Janeiro-Belo-Horizonté qui constitue le centre industriel, bancaire et culturel du pays. On peut également y rattacher la capitale politique Brasilia et le sud tempéré qui est le cœur agricole du pays. Le Nordeste, au contraire, est une zone répulsive (seulement 11% du revenu pour 30 % de la population) : l’agriculture y est difficile à l’intérieur à cause de la sécheresse, trop archaïque le long du littoral. C’est donc devenu une terre d’émigration vers les villes du sud-est ou les zones pionnières. Le Mato Crosso, l’Est et le Nord-Est de l’Amazonie constituent un vaste front pionnier à la fois agricole et minier, où immigration rime avec violence, défrichements et atteinte à l’environnement. Le reste de l’Amazonie est encore pratiquement vide d’hommes, quelques pôles de développement se détachent au sein d’une économie de cueillette qui domine encore
CONCLUSION
Par ses ressources naturelles considérables et ses stratégies de développement efficaces, le Brésil a réalisé d’importants progrès économiques. Cependant sa forte dépendance extérieure et ses problèmes sociaux considérables en font un pays fragile, et surtout une véritable bombe sociale comme beaucoup de pays latino-américains. Le Brésil est une puissance du Tiers-Monde.