Histoire 2nd » L’EMPIRE D’EL HADJI OMAR TALL

L’EMPIRE D’EL HADJI OMAR TALL

INTRODUCTION

L’EMPIRE D’EL HADJI OMAR TALL: Si ce n’est sa disparition qualifiée de mystérieuse survenue à Deguembéré (Bandiagara) lors de son ultime combat contre les Touaregs et les Peuls du Macina en 1864, l’histoire de Cheikh Omar Saydou Tall est peu connue du public. Marabout guerrier, El Hadj Omar Foutiyou fut le chef incontesté de la Tidjania pour toute l’Afrique de l’Ouest. Grand stratège, il a grandement participé à la diffusion de l’Islam dans toute la Sénégambie. De par ses actions guerrières et sa foi en sa mission, il a réussi à forger un grand empire au XVIIIe siècle, à l’image des empires théocratiques Peuls du Sokoto et du Macina: ce fut l’empire d’El hadj Omar.

I.QUI ÉTAIT EL HADJ OMAR FOUTIYOU TALL ?
Naissance et parcours d’un guide

El Hadj Omar Seydou Tall serait né en 1797 à Halwar près de Podor, dans le Fouta Toro, au nord du Sénégal actuel et décédé à Deguembéré près de Bandiagara (actuel Mali) en 1864. Descendants de Thierno Seydou et de Sokhna Adama Aïssé Bint Elimane Ciré Thiam. il est issu d’une famille maraboutique des toroobé. Fondateur de l’empire toucouleur. Il a commencé à approfondir sa connaissance de l’Islam par le biais de Abd-El Karim Ben Ahmed Naguel, un lettré musulman originaire du Fouta Djallon.

A partir de 1827, il entreprit plusieurs voyages à Bornou (Tchad), Hamdallaye (Niger), à Sokoto (Nigéria) à la cour de Mohammed Bello. Il traversa ensuite le Fezzan et se rendit au Caire avant d’atteindre la Mecque en 1827 où il reçoit les titres d’El Hadj et de Calife de la confrérie soufi Tidjane pour le Soudan (1828). Il séjourna par la suite à l’Université al-Azhar du Caire.

En 1841, il se rendit à FoutaDjalon où l’Almamy Bocar de Timbo l’autorisa à bâtir une zaouïa à Diégounko. Il prêcha la doctrine de la Tidjaniya au FoutaDjalon, puis à Dinguiraye en 1850 où il prépara ses premières campagnes de conquête religieuse.

II. CAMPAGNES MILITAIRES D’EL HADJ OMAR FOUTIYOU

Né vingt ans après que les Toucouleurs du Fouta Toro eussent rejeté la domination de leurs émirs Peuls encore païens. El Hadj Omar marcha sur les traces de ses aïeuls Toroobe. Installé dans la province de Dinguiraye (Guinée Conakry), et auréolé d’une sainteté notoire y acquiert une réputation. Il rassembla de nombreux disciples pour la plupart Toucouleurs, Peuls et Dialonké qui finirent par adhérer à sa cause : islamiser les contrées animistes. Ses disciples devinrent les cadres de son armée.

1.Les campagnes contre les Bambaras

Fondateur d’un nouvel empire musulman qui substitua sur une période d’une cinquantaine années aux royaumes du Kaarta et du Macina, El Hadj Omar commença ses conquêtes militaires ou guerre sainte contre les provinces animistes du Manding. En effet, il commença ses attaques à partir de 1850.

En 1853, à la tête d’une armée de fidèles convertis en soldat, le fondateur de l’empire Toucouleur s’empara Bambouk. Il continua son œuvre en s’attaquant aux Bambaras Massassi dont il prit la capitale Nioro du Mali actuel en 1854, territoire qu’il occupa sans difficulté.

En 1856, il annexa Kaarta, un autre royaume bambara et dut réprimer sévèrement les révoltés.

2.Le siège du fort Médine entre El hadj Omar et l’armée coloniale française

Triomphant à Bambouk et à Kaarta, le marabout conquérant dont l’unique intention est d’installer un royaume musulman, tenta après ses exploits de regagner son Fouta natal. Un télescopage avec l’armée coloniale française se produisit à hauteur de Médine le 11 Avril 1857. En effet, les démêlées avec l’armée coloniale ont démarré en 1855, ce qui poussa Louis Faidherbe, gouverneur du Sénégal, de construire un fort avec l’autorisation du roi de ladite localité Diouka Sambala Diallo.

Ayant compris l’importance de ce fort, point stratégique pour le contrôle des routes menant vers la Mauritanie, la Guinée, la Gambie et le Sud-Ouest du Sénégal. Cheikh Omar Tall y installa un blocus et assiège le fort de Médine. Durant le siège du fort, l’armée toucouleur comptait environ 25000 hommes armés de fusils. Beaucoup de combattants (des deux côtés) y périrent. Les troupes du marabout coupèrent toutes liaisons du fort avec l’extérieur et les privèrent de nourriture. Durant 97 jours, les troupes de Cheikh Omar assiégèrent le Fort de Médine qui sera libéré par un impressionnant dispositif militaire conduit par Louis Faidherbe le 18 juillet 1857.

En 1859, les deux hommes se sont encore fait face à Matam avant qu’un traité de paix ne soit trouvé l’année suivante.

3.La prise du Ségou et le déclin du Macina
  • La Prise du royaume Bambara de Ségou

La marche sur Ségou fut une étape décisive dans la conquête lancée par El Hadj Omar. En effet, lorsque les troupes de ce dernier ont livré une bataille sans merci aux troupes colonialistes, elles furent obligées de se replier et rebrousser chemin. Ils décidèrent par la suite de s’attaquer à la localité de Ségou.

En 1859, la campagne de Ségou démarra. Les troupes d’Amadou Sékou capitulèrent à Ngano le 22 Mai 1860 puis à Thio le 20 Février 1861. El Hadj Omar entra à Ségou le 09 Mars mettant ainsi fin au royaume Bambara. Après la prise de Ségou, Cheikh Omar le confia à son fils Ahmadou et partit pour Hamdallaye, capitale du royaume Peulh de Macina en 1862.

  • Le déclin du royaume Peulh de Macina

Ce fut qu’après trois batailles sanglantes, avec un cortège funèbre de plus de 70.000 morts, jamais enregistrés dans l’histoire des conquêtes du marabout toucouleur, que la capitale du royaume des Peulhs du Macina, Hamdallaye tomba entre ses mains le 16 mars 1862.

Après chaque nouvelle prise de territoire, le marabout guerrier apporta des reformes sociales conforme à la charia. Il limita le nombre de femmes à quatre, ce qui frustra les bambaras païens qui possédèrent le droit d’épouser un nombre illimité de femmes.

A Ségou, Ahmadou imposa aux populations de payer l’impôt. Ces nouvelles conditions envenimèrent la situation. Trahi par les Kounta de Tombouctou ; les populations du Macina se liguèrent contre lui. Appuyé par les colonisateurs, Ahmed El-Bekkai, chef des Kounta de Tombouctou et Amadou Lobbo (rescapé de la tuerie du Macina), organisèrent un blocus contre El Hadj Omar. Ils se livrèrent à un combat acharné. La puissance du feu des adversaires du cheikh poussa ses hommes vers les falaises de Hamdallaye. Les renforts de Bandiagara tardant à venir, El Hadji Omar se réfugia sous une grotte entre Hamdallaye et Bandiagara. Les Foutankais lassés d’attendre les renforts de Tidjani (son frère) commencèrent à trahir El Hadji Omar. C’est ainsi que les coalisés, les Kounta et les gens du Macina, ont pu engager une attaque dans la grotte et le combattirent avec acharnement. Cheikh Omar, doté de pouvoir mystique connu de tous, disparut mystérieusement dans la grotte où il s’était réfugié le 12 Février 1864.

III. L’ORGANISATION DE L’EMPIRE OMARIEN

El Hadj Oumar gouverna ses États comme une théocratie, assisté par un conseil comprenant quelques grands marabouts, certains de ses frères et des compagnons de pèlerinage. La loi coranique est le principe fondamental du gouvernement.

Sur le plan administratif, El Hadj Oumar s’inspirait du modèle égypto-turc avec la division du pouvoir en un gouverneur civil (pacha) et un gouverneur militaire (bey).

Chaque province disposait d’une puissante forteresse (tata) commandée par un chef militaire dirigeant une importante garnison à la tête de laquelle se trouvaient ses disciples regroupés dans un conseil.

La justice repose sur la « sharia » et est rendue par les cadis (affaires civiles) et les Emirs (affaires politiques et pénales).

Les activités économiques reposent sur l’agriculture, l’élevage, le commerce et le paiement de la

« zakat ». Cependant, en 1864, à la mort d’El Hadj Omar, son successeur Ahmadou rencontre des difficultés pour maintenir l’unité de l’Etat. Ces dernières sont liées aux contestations des talibés, aux rivalités internes et à la pénétration française.

CONCLUSION

El Hadj Omar est une des grandes figures de l’islam en Afrique occidentale. Malgré la brève existence de son empire théocratique, il a largement contribué à la diffusion de cette religion en Afrique noire.


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