LES CONSEQUENCES ET LES REGLEMENTS DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE
Introduction
L‘année 1945 a été un grand tournant dans l‘histoire de l‘humanité. Le 8 mai 1945 à Berlin et
le 2 septembre dans la baie de Tokyo sont signées les deux capitulations sans conditions de
l‘Allemagne et du Japon. Les peuples du monde sortent d‘une période de crises et tensions
d‘une part ; d‘autre part s‘ouvre une nouvelle période pleine d‘espoirs de paix, de stabilité et de
prospérité. Mais les vainqueurs comme les vaincus devaient d‘abord tirer le bilan très lourd
du second conflit mondial et ensuite prendre part à toutes les décisions opportunes, aux plans
politique, économique, social et culturel afin de dégager de nouvelles perspectives dans les
relations internationales.
l. Le bilan tragique de la Seconde Guerre mondiale
1. Le bilan humain : une hécatombe démographique
Avec 50 à 60 millions de victimes, la Seconde Guerre mondiale a été plus longue et plus
meurtrière que la Première qui avait fait 10 millions de morts. La deuxième Guerre mondiale
apparaît clairement comme le conflit le plus le plus sanglant de toute l‘histoire de l‘humanité.
Les pertes humaines ont été plus étendues à la population civile en raison des bombardements
aériens, mais aussi à cause de l‘occupation brutale de l‘ennemi et des massacres de tous ordres
(33 à 34 millions de civils tués). L‘Europe, le plus important champ de bataille, a été le
continent le plus touché, particulièrement dans sa partie orientale. En effet, l‘URSS a
enregistré 20 millions de morts, la Pologne 6 millions, la Yougoslavie près de 2 millions.
Quant aux Etats-Unis, leurs pertes humaines et matérielles ont été relativement modestes
(295 000 morts). En Asie, la Chine et le Japon ont enregistré un grand nombre de victimes
surtout civiles en raison de la longueur exceptionnelle de la guerre qui s‘est étendue dans cette
région de juillet 1937 à septembre 1945.
Sur le plan social, la communauté juive a été le groupe social le plus touché car les
estimations font état de 6 millions de Juifs tués sur une population totale de 8 millions en
Europe. Les Juifs furent victimes de la barbarie des Nazis qui ont mis en œuvre dès janvier
1942 la « solution finale » du problème juif (à la suite de la Conférence de Wansee, près
de Berlin, 20 janvier 1942, préparée par Reinhardt Heydrich « Le Boucher », chef
adjoint des SS sur la demande de Goering en 1941).
A ces pertes directes causées par la guerre, il faut ajouter les pertes indirectes liées à la
diminution des naissances (phénomène des classes creuses), à l‘augmentation de la mortalité
en raison des conditions de vie précaires et de la sous-alimentation généralisée et les
importants transferts de populations à travers l‘exode des civils, les déportations des Juifs
et des prisonniers de guerre et les réquisitions de travailleurs. On estime le nombre de
personnes déplacées en Europe durant le conflit à environ 30 millions
2. Le bilan financier et matériel
Le bilan matériel et financier de la Seconde Guerre mondiale est très lourd. On a qualifié le
second conflit mondial de guerre totale dans la mesure où les ressources et le matériel de
production ont été utilisés jusqu‘à l‘extrême limite de l‘usure. Les dépenses militaires ont
été considérables (plus de 1 000 milliards de dollars). Par exemple les Etats-Unis ont
dépensé 32 milliards de dollars lors de la Grande Guerre (celle de 1914-1918) contre 340
milliards lors de la Seconde Guerre mondiale. Les destructions matérielles ont été
énormes. En 1945, l‘Europe est un amoncellement de ruines : l‘URSS à la suite de la tactique
de la « terre brûlée », l‘Allemagne, la France et les Pays-Bas sont les plus touchés. En URSS par
exemple, 1 700 villes, 70 000 villages et 6 millions de maisons sont endommagés ou
détruits. La Pologne et la Yougoslavie ont perdu 38 % de leur potentiel industriel. Des villes
entières sont à reconstruire après les bombardements : Varsovie, Stalingrad, Hambourg,
Dresde, Caen, Coventry, Hiroshima, Nagasaki, etc. Les communications sont
désorganisées : les chemins de fer sont particulièrement atteints ainsi que les ponts et les
routes.
Le financement de l’effort de guerre considérable a pris plusieurs formes : privations,
généralisation de l‘impôt, recours à l‘emprunt extérieur… Tout cela eut comme conséquence un
endettement massif de certains pays belligérants, en particulier ceux de l‘Europe vis-à-vis
des Etats-Unis. D‘ailleurs, les Etats-Unis et, dans une moindre mesure, l‘URSS, le Brésil,
l‘Argentine, l‘Australie ont profité de la guerre pour développer leurs économies. Par contre,
pour les pays appauvris et ruinés par le conflit, c‘est immense effort de reconstruction qui
s‘impose.
3. Le bilan moral et politique
C‘est essentiellement sur le plan moral que la Seconde Guerre mondiale eut les répercussions
les plus lourdes, l‘ensemble des valeurs attachées à la civilisation étant remises en question. En
effet, méprisant les droits humains, le conflit se caractérisa par la barbarie, l‘emploi généralisé
de la torture, les régimes politiques de terreur et la hantise de la bombe atomique. Le second
conflit mondial restera longtemps comme le symbole de la dégradation de la conscience
humaine. D‘après André Malraux, durant la guerre, l‘homme a rivalisé avec l‘enfer et donné
des leçons au diable. Quant à Albert Camus, il affirme que « la civilisation mécanique
vient de parvenir à son dernier degré de sauvagerie… Il va falloir choisir, dans
un avenir plus ou moins proche, entre le suicide collectif et l’utilisation
intelligente des conquêtes scientifiques. »
Pour expliquer cette sauvagerie, il suffit de rappeler l‘extermination de 6 millions d‘êtres
humains révélée par la découverte des charniers et des camps de la mort avec leurs chambres
à gaz et leurs fours crématoires. Les principaux camps de concentration nazis qualifiés
d‘« usines de la mort » furent ceux de Dachau, Buchenwald, Auschwitz, Treblinka,
Majdanek, etc. Le choc moral de la guerre aboutit à une révolte et à un engagement chez
de nombreux intellectuels qui représentent l‘absurdité du monde, l‘angoisse de l‘homme
devant l‘avenir : c‘est le cas de Jean-Paul Sartre, de Pablo Picasso, de Paul Valery, de
Louis Aragon, etc. Par exemple Sartre écrit en 1945 : « La guerre, en mourant, laisse
l’homme nu, sans illusion, abandonné à ses propres forces, ayant enfin compris
qu’il n’a plus à compter que sur lui »
Au plan politique, la guerre a entraîné l‘apparition d‘un monde nouveau : l‘Europe est en
déclin et n‘est plus le centre du monde ; les Etats-Unis ont tous les attributs d‘une
superpuissance ; l‘URSS meurtrie jouit néanmoins d‘un grand prestige militaire et politique ;
un puissant mouvement de décolonisation commence à prendre forme en Asie et en
Afrique.
Au total donc, le monde de 1945 était un monde meurtri, troublé, dans lequel la paix n‘était
maintenue que grâce à un équilibre fragile. Par conséquent, des efforts immenses doivent être
consentis pour consolider la paix et permettre à l‘humanité d‘espérer une stabilité durable.
II. Les règlements du conflit
1. Les grandes conférences entre les « Trois Grands »
a) La Conférence de Yalta1 (4-11 février 1945) ou la volonté de coopération
Après la Conférence de Téhéran (28 novembre-2 décembre 1943), les trois grandes
puissances alliées (Etats-Unis, URSS et Angleterre) se retrouvent à Yalta, une station
balnéaire soviétique sur les bords de la mer Noire, en Crimée (dans l‘actuelle Ukraine). Cette
conférence, qui s‘est déroulée du 4 au 11 février 1945, a réuni les leaders suivants :
Franklin D. Roosevelt, Joseph Staline et Winston Churchill. Ces trois dirigeants
traduisaient ainsi leur volonté de continuer leur collaboration pour résoudre ensemble les
problèmes de l‘après-guerre.
La Conférence de Yalta a adopté trois résolutions majeures : l‘occupation et le
contrôle de l’Allemagne, la déclaration sur l’Europe libérée et le principe de la
création de l’Organisation des Nations (ONU).
En ce qui concerne l‘Allemagne, les trois puissances conviennent que ce pays sera démilitarisé
et divisé en quatre zones d’occupation américaine, britannique, soviétique et française. La
ville de Berlin sera elle aussi divisée en quatre secteurs d‘occupation. Par ailleurs, la
Conférence de Yalta a fixé avec précision les frontières de l‘Allemagne à l‘ouest mais surtout à
l‘est avec la Pologne avec la délimitation par la ligne Oder-Neisse.