L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES (O.N.U.)
INTRODUCTION
La Conférence de San Francisco a réuni (dans l‘auditorium du théâtre Herbst) 51 Etats dans le but d‘élaborer la Charte des Nations unies. La nouvelle organisation internationale mise sur pied a son siège à New York et entre officiellement en fonction le 24 octobre 1945, avec comme premier Secrétaire général le Norvégien Trygve Lie (1946-1962). L‘Organisation des Nations unies (ONU) est une association internationale d‘Etats, fondée dans le but de « maintenir la paix et la sécurité internationales », de « développer entre les nations des relations amicales fondées sur le principe du respect du principe de l‟égalité de droit des peuples et de leur droit à disposer d‟eux-mêmes », de « réaliser la coopération internationale en résolvant les problèmes internationaux d‟ordres économique, social, intellectuel ou humanitaire » et d‘inciter au « respect des droits de l‟homme et des libertés fondamentales ». Comme le formulera plus tard Henry Cabot Lodge, ambassadeur des Etats-Unis auprès des Nations unies, l‘ONU est vouée, non pas « à nous mener au paradis », mais « à nous sauver de l‟enfer ». La mise au point de l‘ONU a été progressive et laborieuse. Son action a été longtemps entravée par la rivalité opposant les Etats-Unis à l‘URSS. Ses résultats sont limités ou décevants.
L‘ONU fonctionne grâce à six organes principaux : l‘Assemblée générale, le Conseil de Sécurité, le Conseil économique et social, le Conseil de Tutelle, la Cour Internationale de Justice de La Haye et le Secrétariat général.
I.LE MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALE
Ce rôle appartient avant tout au Conseil de Sécurité et plus particulièrement les « Cinq Grands ». Mais l‘Assemblée peut voter des « recommandations » et peut être directement saisie des affaires en cas de paralysie du Conseil (résolution Acheson) :
- des recommandations concernant le désarmement ou toute autre question touchant la paix (exemple : La question palestinienne). ;
- des condamnations : les interventions soviétique en Hongrie et franco-britannique à Suez, par exemple, furent condamnées par l‘Assemblée générale ;
- des interventions armées : Les troupes de l‘ONU se sont dressées contre les
« agresseurs » nord-coréens et chinois en 1950. Les « Casques Bleus » se sont interposés entre les combattants israéliens et égyptiens dans le Sinaï en 1956 et ont réussi à réduire à néant la sécession katangaise ;
- l‘arme diplomatique : le Conseil de Sécurité propose des solutions aux adversaires éventuels (les « bons offices » du Secrétaire général ou de ses envoyés.
II.LES PROGRÈS POLITIQUES
- La décolonisation
L‘ONU proclame dans sa Charte « le droit des peuples à disposer d‟eux-mêmes ». L‘indépendance est ainsi accordée à des territoires sous mandat de la SDN : la Syrie et le Liban en 1947, le partage de la Palestine et la création de l‘Etat d‘Israël en 1948. L‘ONU s‘est également attelée à la surveillance des territoires non encore autonome en réclamant surtout des « renseignements » aux puissances coloniales et en vérifiant si les progrès vers l‘aptitude à l‘indépendance sont réalisés. En 1957, l‘ONU s‘est penchée sur le problème algérien, malgré les protestations de la France qui fit valoir que les « départements algériens » ne relevaient que des « affaires intérieures » françaises. Par sa déclaration anticolonialiste de 1960, la majorité de l‘Assemblée générale réclame l‘indépendance immédiate pour les territoires encore sous tutelle coloniale.
b) Les droits de l’homme
Dans ce domaine, l‘ONU a adopté la Déclaration universelle des droits de l‘Homme le 10 décembre 1948 (droits à la vie, à la liberté, interdiction de l‘esclavage, des détentions et arrestations arbitraires, condamnation de l‘apartheid). Mais les grands principes se heurtent le plus souvent à la mauvaise volonté des Etats soucieux d‘éviter l‘ingérence de l‘ONU dans ce qu‘ils appellent leurs « affaires intérieures ».
Des droits économiques et sociaux sont reconnus par la Charte, concurremment aux droits politiques, droits à la sécurité sociale, au travail, au repos, à l‘éducation, à un niveau de vie suffisant, à la liberté syndicale. L‘ONU a souvent montré son impuissance évidente à les faire appliquer mais dispose d‘une base juridique qui justifie les efforts de certains organismes comme le BIT, l‘UNESCO, etc.
c) Le désarmement
Dans ce domaine, l‘échec est encore patent, le désarmement ne pouvant se concevoir qu‘accompagné de l‘établissement de la sécurité collective assurée par les Nations unies. La fusion entre les commissions de l‘Energie atomique et des Armements classiques – dans l‘impasse depuis leur création en 1946-1947 – donna naissance en 1952 à la Commission du Désarmement composée des membres du Conseil de Sécurité. En avril 1954, fut désigné un sous-comité du désarmement siégeant à Londres et comprenant des délégués des Etats-Unis, de l‘URSS, de la Grande-Bretagne, de la France et du Canada. Les difficultés pour trouver un accord conduisirent à l‘élargissement du sous-comité. Ainsi un comité de désarmement siégea à Genève depuis 1961 mais dut abandonner ses travaux à partir de 1964. Les trois « Grands » (États-Unis, Grande-Bretagne et Union soviétique) entament alors des négociations ayant permis la signature de plusieurs accords :
- interdiction des explosions atomiques (sauf les explosions souterraines) en 1963 ;
- utilisation pacifique de l‘espace en 1967 ;
- traité de non prolifération des armes nucléaires (TNP) en 1968 ;
- traité de non nucléarisation des fonds marins le 11 février 1971 ;
- accords SALT 1 (26 mai 1972) et SALT 2 (18 juin 1979).
Depuis 1979, à l‘initiative de la France, un nouveau comité de désarmement a recommencé à fonctionner.
d) Le progrès économique
L‘ECOSOC est appuyé par divers organismes : BIRD, BAT (Bureau d‘Assistance Technique), FAO, PNUD, etc. Son action concerne :
- l‘assistance technique : des experts, des bourses d‘études, des crédits d‘assistance, ;
- une aide financière ;
- des recommandations pour que les pays riches augmentent leur aide aux pays en développement (objectif : 1 % de PNB).
La CNUCED, fondée en 1964 tient des réunions périodiques pour promouvoir un nouvel ordre économique international (NOEI).
III.LES INSUFFISANCES
L‘ONU a été tournée en dérision depuis sa création notamment par les dirigeants des grandes puissances : du « nid d‟agents de l‟impérialisme » de Staline, à la « Maison des morts » du Président Reagan, en passant par le « machin » raillé par le général De Gaulle (Claire Tréan,
« Le Renouveau des Nations unies », Le Monde – dossiers et documents, janvier 1989). Pendant la guerre froide, l‘action de L‘Organisation des Nations unies a été souvent paralysée par l‘utilisation abusive du droit de veto de la part des deux Grands. Daniel Colard souligne que « de 1945 à 1985, les Etats-Unis ont recours au veto 42 fois, la Grande-Bretagne 23 fois, la France 15 fois, la Chine 4 fois ; l‟URSS détient le record absolu avec 116 veto » (cf. Colard (Daniel), Les Cinquante ans de l‟ONU, un bilan contrasté, Paris, Défense nationale, 1994).
L‘ONU a également montré son incapacité à remplir la première de ses missions : la résolution des conflits. C‘est que Claire Tréan constate : « L‟Assemblée générale n‟avait cessé d‟adopter des résolutions, de dépêcher des médiateurs, mais ici le sang continuait de couler ». En effet, depuis 1945 plus de 130 conflits ont éclaté dans le monde sans que l‘ONU ait été capable d‘arrêter les va-t-en-guerre.
Même si la fin de la guerre froide a permis de lever le blocage du système, l‘ONU est affaiblie par la disparition du contrepoids que constituait l‘URSS. Aujourd‘hui, l‘Amérique, unique superpuissance, agit souvent de manière unilatérale. L‘intervention des Etats-Unis en Irak en mars 2003 sans l‘aval du Conseil de Sécurité en est une parfaite illustration. Richard Perle, néoconservateur américain, affirme : « La réticence du Conseil de Sécurité à entériner l‟usage de la force (en Irak) pour appliquer ses propres résolutions (…) a sonné le glas du fantasme vieux de plusieurs décennies qui considérait l‟ONU comme le fondement de l‟ordre international » (Le Figaro, 11 avril 2003).
L‘action de l‘ONU continue d‘être suspendue à la volonté politique des Etats-Unis. La composition du Conseil de Sécurité ne reflète plus les rapports de forces internationaux actuels. Aussi certains pays réclament-ils avec insistance et à juste titre le statut de membres permanents : c‘est le cas du Japon (2e contributeur de L‘Organisation des Nations unies, l‘Allemagne (3e bailleur) ou du Brésil.
Entre autres problèmes de L‘Organisation des Nations unies, André Lewin mentionne, dans le journal Jeune Afrique/L‟Intelligent (n° 2205, du 13 avril 2003), « les réunions répétitives et les ordres du jour interminables » de même que « la prolifération des tâches et des programmes (sont nombreuses) de sorte qu‟il est impossible de se concentrer sur les priorités ».
CONCLUSION
Après une soixantaine d‘années d‘existence, L‘Organisation des Nations unies présente un bilan mitigé. Certaines critiques sont fondées mais il faut reconnaître que l‘Organisation a fait des efforts réels (aides, subventions, soutien aux mouvements de décolonisations, solutions de certains conflits, etc.). Aujourd‘hui, une réforme de fond s‘impose. Face aux nombreuses difficultés de l‘ONU, il est nécessaire de prendre des mesures susceptibles d‘insuffler une nouvelle vigueur aux Nations unies car, comme l‘affirme Samantha Power (Le Monde diplomatique, septembre 2005),
« même si l‟ONU a échoué à bannir la guerre, elle demeure indispensable à la recherche de la paix. »