TERRORISME

TERRORISME

PRÉSENTATION

Terrorisme, recours à la violence réelle ou symbolique, dans un but politique.
Lorsqu’il est pratiqué par des groupes non gouvernementaux, des unités secrètes ou illégales, le terrorisme constitue le plus souvent un phénomène transfrontalier. S’il vient à être utilisé par un État, il se caractérise par l’instauration d’un régime de violence contre des citoyens, des groupes de citoyens ou des groupes communautaires. D’une façon générale, le terrorisme use de mesures d’exception qui ne relèvent pas des règles de la guerre.
Dans sa forme la plus courante, le terrorisme est un moyen de pression, un moyen de pouvoir tel, qu’il permet d’imposer une contrainte sur l’action des gouvernements ou des institutions qu’il vise. Dans sa forme extrême, le terrorisme peut aller jusqu’à la remise en question de l’ordre politique et social existant ou même jusqu’à la révolution. Le terrorisme recouvre ainsi un champ d’action très vaste, dont la diversité est illustrée par plus d’un exemple historique. Depuis l’après-guerre, ce phénomène s’est accentué et internationalisé.

 LE TERRORISME À TRAVERS L’HISTOIRE

Le terrorisme est un phénomène historiquement récurrent, commun à toutes les sociétés et à toutes les cultures. Anciennement déjà, la terreur était pratiquée dans certaines cultures tribales par des sociétés secrètes qui ne parvenaient à se maintenir que de cette manière. Ainsi, au XIIe siècle apr. J.-C., les Assassins organisaient des campagnes terroristes contre les musulmans sunnites. Au lendemain de la Réforme, au XVIe siècle, les groupes protestants et catholiques en Irlande ont également pratiqué la terreur. Le mot terrorisme est d’ailleurs lié à la période de la Révolution française connue sous le nom de Terreur (1793-1794).

LE TERRORISME SOUS SA FORME MODERNE

Le terrorisme jusqu’au début du XXe siècle

C’est avec la propagation des idéologies séculières et du nationalisme, après la Révolution française, que le terrorisme, dans sa forme moderne, s’est considérablement développé. Partisans et adversaires des valeurs révolutionnaires s’engagent en effet dans le terrorisme au lendemain des guerres napoléoniennes.
Au Japon, le nationalisme pro impérial qui conduit à la restauration de Meiji en 1868, s’accompagne de nombreuses attaques terroristes contre le shogunat Tokugawa.
Dans le sud des États-Unis, le Ku Klux Klan se constitue après la défaite des États confédérés pendant la guerre de Sécession (1861-1865), dans le but de terroriser les anciens esclaves, ainsi que les représentants des administrations responsables de la reconstruction imposée par le gouvernement fédéral.
En Europe, à la fin du XIXe siècle, les partisans de l’anarchisme lancent des attaques terroristes contre de hauts fonctionnaires ou contre de simples citoyens, dont la victime la plus célèbre reste l’impératrice Élisabeth, épouse de François-Joseph Ier, assassinée par un anarchiste italien en 1898. Avant la Première Guerre mondiale, le mouvement révolutionnaire russe a aussi une forte connotation terroriste.

 Le terrorisme jusqu’à la Seconde Guerre mondiale

Au XXe siècle, des groupes tels que l’Organisation révolutionnaire macédonienne, les oustachis croates, et l’Armée républicaine irlandaise (Irish Republican Army, IRA) ont souvent exporté leurs activités terroristes en dehors des frontières nationales. C’est ce type de terrorisme nationaliste qui est à l’origine de l’assassinat de l’archiduc héritier François Ferdinand, perpétré à Sarajevo en 1914 par un nationaliste serbe, et qui déclencha la Première Guerre mondiale.
Par ailleurs, fascisme et communisme ont l’un et l’autre fait du terrorisme le principal instrument de leur politique, terrorisme qu’ont, par exemple, prôné Léon Trotski et Georges Sorel.
Dans les années vingt et trente, l’instabilité politique fait une large place à l’activité terroriste. Mais, dans l’ensemble, ce phénomène a fini par disparaître dans le conflit de plus grande ampleur qu’a été la Seconde Guerre mondiale.

 LE TERRORISME D’APRÈS-GUERRE DANS LE MONDE

Au milieu des années soixante se développe la plus spectaculaire manifestation du terrorisme. Elle est portée par les progrès de la technologie, la diffusion d’armes légères et efficaces, ainsi que par la publicité qui vient désormais accompagner tout acte terroriste.

Au Proche-Orient

Le conflit ouvert entre les pays arabes et Israël au Proche-Orient est à l’origine de la vague de terrorisme qu’ont connue les années soixante. À la fin des années quarante, des groupes radicaux juifs, comme le groupe Stern ou l’organisation Irgoun Zwaï Leoumi (Irgoun), ont recours au terrorisme contre les communautés arabes et contre les Britanniques, durant la lutte pour l’indépendance d’Israël. À compter des années soixante, leurs adversaires arabes font un usage beaucoup plus systématique du terrorisme. Ainsi, l’expulsion des guérilleros palestiniens de Jordanie, en septembre 1970, est-elle commémorée par la création d’une armée terroriste extrémiste appelée Septembre noir. Par ailleurs, l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) mène des opérations de commandos et des actions terroristes (prises d’otages, détournements d’avions).
Au milieu des années quatre-vingt, après le détournement d’un Boeing de la TWA et du paquebot italien Achille Lauro (1985), le terrorisme international de souche palestinienne décline, l’OLP privilégiant dorénavant la voie des négociations avec Israël. De nouvelles formes de terrorisme, liées à la révolution en Iran (1979) et à la montée du fondamentalisme islamique, apparaissent. Le 21 décembre 1988, une bombe détruit le vol Pan American 103 au-dessus de Lockerbie, en Écosse, provoquant la mort de 270 personnes. L’Iran et la Libye sont soupçonnés par l’Agence centrale de renseignements des États-Unis.

 Aux États-Unis

Le 26 février 1993, un attentat à la bombe dans le World Trade Center de New York fait six victimes et provoque des dégâts matériels et économiques estimés à 600 millions de dollars. Cet attentat est, lui aussi, dû au terrorisme fondamentaliste, qui touche les États-Unis sur leur sol pour la première fois. Le 19 avril 1995, l’attentat d’Oklahoma City, perpétré par des extrémistes de droite américains, cause la mort de 168 personnes. Mais l’épisode terroriste le plus spectaculaire et le plus meurtrier de l’histoire des États-Unis est la série d’attentats du 11 septembre 2001 : quatre avions civils détournés s’écrasent sur les tours jumelles du World Trade Center du quartier des affaires de New York — lesquelles s’effondrent, emportant avec elles leurs occupants —, sur le Pentagone (ministère de la Défense) à Washington et dans la région de Pittsburgh, en Pennsylvanie. Le bilan s’élève à plus de 3 000 morts ou disparus.

 En Allemagne de l’Ouest

En Allemagne de l’Ouest, la Fraction Armée rouge (Rote Armee Fraktion, RAF), mieux connue sous le nom de « bande à Baader », cambriole de nombreuses banques et organise maintes attaques contre les installations militaires américaines dans les années soixante-dix. Ses attentats les plus spectaculaires sont l’enlèvement et l’assassinat du grand industriel Hans Martin Schleyer en 1977, ainsi que le détournement d’un avion de ligne de la Lufthansa à Mogadiscio, en Somalie, afin de faire pression pour que les dirigeants de la RAF, Andreas Baader et Gudrun Ensslin, soient libérés de prison. Tout comme l’organisation terroriste japonaise de l’Armée rouge, les membres de la RAF coopèrent fréquemment avec les terroristes palestiniens, comme lors de l’assassinat de onze athlètes israéliens par un commando de Septembre noir, aux jeux Olympiques de Munich en 1972. Dès la fin des années soixante-dix, la plupart des militants de la Fraction Armée rouge sont morts ou emprisonnés.

En Italie

En Italie, la puissance des terroristes, dont les plus importants ont été les Brigades rouges, repose sans doute sur la tradition anarchiste du pays et sur son instabilité politique. Leurs activités culminent en 1978, avec l’enlèvement et l’assassinat de l’ancien président du Conseil Aldo Moro. Par la suite, le terrorisme gauchiste décline, grâce aux mesures policières, sans toutefois disparaître entièrement. En revanche, le terrorisme de droite tend à se renforcer, illustré en 1980 par l’attentat à la bombe de la gare de Bologne. En 1993, c’est le musée historique des Offices de Florence qui est visé lors de la série d’attentats à la bombe qui seront attribués à la Mafia. Beaucoup de ces attentats sont actuellement considérés comme des exercices de « propagande noire » mis en œuvre par la droite ou par tout autre groupe ayant intérêt à entretenir un climat d’instabilité politique afin de favoriser un régime autoritaire.

 Au Japon

Au Japon, plus récemment, un attentat au gaz sarin dans le métro de Tokyo, perpétré par la secte Aum le 20 mars 1995, et ayant fait 12 victimes et intoxiqué plus de 5 000 personnes, a cristallisé les craintes latentes face à un terrorisme qui aurait recours aux armes dites non conventionnelles (chimiques, bactériologiques ou nucléaires).

 En Irlande

En Irlande, la campagne terroriste menée par l’Armée républicaine irlandaise (Irish Republican Army, IRA) est issue du mouvement pour les droits civils irlandais, qui lutte dans les années soixante pour améliorer le statut des catholiques en Irlande du Nord. La montée du terrorisme dans les camps catholiques et protestants impose la séparation des deux communautés en deux zones protégées par des troupes militaires. Portés par une idéologie révolutionnaire, les membres de l’IRA se lancent dans des attentats à la bombe, des fusillades et des attaques armées en Irlande ou ailleurs, prenant pour cible l’armée ou les civils.

En Espagne

En Espagne, la branche militaire de l’organisation nationaliste basque, ETA, fondée au milieu des années cinquante (le sigle ETA date de 1959), est à l’origine en 1979 d’une vague d’attentats, consécutive à l’adoption d’un nouveau statut pour le Pays Basque. De 1976 à 1993, la lutte armée menée par l’ETA a causé la mort de 800 personnes. Aujourd’hui, l’ETA continue dans la voie de la violence. Le 12 juillet 1997, elle a ainsi exécuté un conseiller municipal basque, Miguel Angel Blanco, qu’elle avait pris en otage quelques jours plus tôt. En réaction, près de trois millions de personnes ont manifesté à Madrid, Barcelone et Bilbao contre le terrorisme de l’ETA (14 juillet 1997).

 En France

La France a notamment été la cible d’attentats attribués au Djihad islamique, lié au pouvoir de Téhéran, en septembre 1986, et attribués aux réseaux islamistes algériens en 1995.
Des attentats ont aussi été commis en France par des ressortissants français, tels que ceux constituant le groupuscule d’extrême gauche Action directe. Actifs de 1979 à 1987, les membres d’Action directe défendent une idéologie antiaméricaine et luttent contre l’impérialisme en posant des bombes dans les institutions représentant l’ordre et le pouvoir établi (ministères, bureaux de police, Agence spatiale européenne, etc.) et en assassinant, ou en tentant d’assassiner, des responsables politiques et économiques. Le général René Audran est ainsi assassiné en janvier 1985 et Georges Besse, président de la Régie Renault, en novembre 1986. Joëlle Aubron, Nathalie Ménigon, Georges Cipriani et Jean-Marc Rouillan ont été arrêtés en février 1987.
En outre, des actes terroristes sont commis à partir des années soixante-dix par le Front de libération nationale de la Corse (FLNC) qui prend pour cible, en Corse et sur le continent, des bâtiments représentant l’État français et des structures touristiques. Depuis 1976, le FLNC a ainsi revendiqué plus de 5 000 actions armées.
Pour juger les actes terroristes, une section spécialisée dans la lutte antiterroriste a été créée par une loi du 9 septembre 1986 au sein du tribunal de grande instance de Paris. Les crimes terroristes sont jugés par une formation spéciale en cour d’assises, constituée de sept magistrats, sans jury populaire. Une association, SOS Attentats, a été créée en janvier 1986 par Françoise Rudetzki, afin de faire évoluer la législation en faveur des victimes d’actes de terrorisme.

En Amérique latine

En Amérique latine, les mouvements terroristes s’inscrivent dans une longue tradition nationale de violence politique. Avec la formidable croissance des villes, les mouvements de guérilla urbaine se sont multipliés. Le Sentier lumineux, organisation terroriste maoïste péruvienne, en est l’un des plus célèbres exemples : il a recours à des tactiques particulièrement sanglantes et aveugles pour déstabiliser l’État et provoquer des contre-mesures répressives. Dans les années quatre-vingt-dix, certains membres du cartel de la cocaïne en Colombie emploient des méthodes terroristes, afin que le gouvernement limite l’application des lois interdisant le trafic des stupéfiants. La même stratégie est suivie par le crime organisé en Italie dans la défense des intérêts du cartel.

LE TERRORISME D’ÉTAT

En règle générale, le terrorisme soutenu par les États est lié aux dictatures, aux régimes à parti unique et aux régimes totalitaires, précisément ceux qui utilisent la terreur contre leur propre population. Les cas des Khmers rouges au Cambodge, de la Gestapo dans l’Allemagne hitlérienne ou des polices politiques soviétiques, telles que la Tchéka, la Guépéou et le NKVD sont particulièrement significatifs à cet égard.
Par ailleurs, durant la guerre du Viêt Nam, le Viêt Nam-du-Nord a soutenu une campagne de terrorisme et de subversion communiste dans le Viêt Nam-du-Sud. Plus récemment, la Corée du Nord a perpétré plusieurs attaques terroristes contre la Corée du Sud, dont un attentat à la bombe à Rangoun en 1983 qui a provoqué la mort de 4 membres du cabinet et fait 13 autres victimes, et un attentat à la bombe dans l’avion de la Korean Air Lines en 1987.
Il est aussi notoire que la Libye et l’Iran, deux pays dotés de gouvernements révolutionnaires, ont déjà officiellement commandité des actes de terrorisme. Quant à l’Algérie, elle est plongée depuis les années quatre-vingt-dix dans une véritable guerre civile, où le terrorisme fondamentaliste de groupes armés tels que le Groupe islamique armé (GIA) et la répression par les militaires conduisent à une surenchère de la violence.


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