MARIAMA BA, UNE SI LONGUE LETTRE, 1979
1.PRÉSENTATION DE L’AUTEUR
Une si longue lettre :Mariama Bâ est née en 1929 au Sénégal. Elevée dans un milieu musulman traditionnel par ses grands-parents maternels, après la mort de sa mère, elle fut scolarisée à l’école française et entra à l’Ecole Normale de Rufisque en 1943 avec des résultats d’examens brillants. Elle y obtint son diplôme d’institutrice en 1947. Elle enseigna pendant douze ans puis, pour des raisons de santé, demanda son affectation à l’Inspection régionale de l’enseignement du Sénégal. Mère de 9 enfants, divorcée, elle fut l’épouse du député Obèye Diop.
Mariama Bâ est l’une des figures les plus remarquables de la littérature sénégalaise .C’est la lumière d’un continent, le porte flambeau d’une Afrique qui se réveille au sortir des indépendances. Consciente de son rôle de femme et d’éducatrice dans une société emportée par le modernisme, Mariama Bâ signale une pensée dense et éclairée. Dans ses œuvres, Une Si longue lettre (1979) et un chant écarlate (1981), elle ne cessera de montrer d’une façon ironique et frappante l’état de la société sénégalaise.
Militante pour la défense des droits de la femme sans pour autant être féministe, Mariama Ba cherche à construire une société plus juste où les femmes et les éducateurs ont une place de choix.
Elle est morte en 1981, peu avant la parution de son second ouvrage. Un Lycée de Dakar (Gorée), la Maison d’éducation Mariama Bâ, porte aujourd’hui son nom.
2.ETUDE DE L’ŒUVRE
2.1 Analyse
Traduit en 17 langues (2000), lauréat du prix Noma en 1980 à Franckfort en Allemagne, lue et commentée dans le monde entier, une si longue lettre, est une œuvre majeure qui signale au premier abord une pensée nourrit d’africanité. Enracinée dans la tradition sans pour autant refuser la modernité, l’œuvre de Mariama Ba établit un dialogue des consciences par l’intermédiaire de personnages marquants pour esquisser ou dessiner la société idéale à bâtir.
Dès le titre l’auteur révèle le contenu du roman. L’article indéfini « une » semble indiquer que l’histoire n’est pas seulement destinée à une seule personne mais à toutes les femmes du monde. L’adverbe d’intensité « si » nous renvoie au degré de souffrance contenu dans la lettre. De même, l’adjectif « longue » ne donne pas seulement une idée de la longueur de la lettre, mais aussi, une idée de la souffrance interminable vécue par les personnages féminins du roman. Enfin, le terme « lettre », qui a un contenu épistolaire s’adresse à un destinataire connu : Aissatou.
Nous pouvons donc retenir qu’une si longue lettre est un roman épistolaire qui parle de la souffrance interminable que la femme rencontre toute sa vie durant. En plus cette lettre n’est pas seulement adressée à Aissatou, mais à tout le monde, particulièrement aux femmes.
2.2 Structure
Une si longue lettre est un roman qui retrace la vie de deux amies : Ramatoulaye (celle qui écrit la lettre) et Aissatou (celle à qui elle écrit). A travers leurs deux vies que raconte Ramatoulaye, c’est la sensibilité de deux femmes qui n’ont pas le même tempéramment qui se dessine.
L’auteur d’Une si longue lettre exploite en profondeur l’art épistolaire qui avait fait la fortune et la gloire de Madame de Sévigné (17e siècle) de Jean Jacques Rousseau (18e siècle) de Georges Sand et de Flaubert (19e siècle). La correspondance est un genre littéraire qui favorise l’épanchement volontiers des sentiments et l’expression libre des préoccupations. Elle s’appuie sur un ton familier (je, tu, moi).
Dans ce roman, Mariama Bâ met l’accent sur les déboires (déception, trahison, malheur, souffrance) des premières épouses dans les mariages polygames. Ce roman décrit avec sensibilité, la fragilité du statut de première femme chez les deux héroïnes : Aissatou et Ramatoulaye. Ces histoires, qui se répondent à travers la correspondance, sont extrêmement riche malgré une totale absence de dialogue. Tout est dit en peu de mots :
- d’abord l’amour et le bonheur du mariage
- ensuite l’influence de la famille et l’inconstance masculine qui pousse les maris à prendre une deuxième épouse.
- enfin le drame : Aissatou divorce, Ramatoulaye est abandonnée à elle-même par son époux. Elle fait face aux difficultés d’argent, au problème d’éducation des enfants et pour combler le tout, au deuil. Elle termine néanmoins par pardonner à son mari qui l’a humiliée après la mort de celui-ci, tout en repoussant les nouveaux prétendants.
2.3 Composition et résume
Une si longue lettre est un récit original de 27 chapitres où la fin d’une vie permet de remonter au commencement des choses. La mort de Modou Fall provoque la remonté des souvenirs de joie ou de peine et permet ainsi le déroulement du récit en quatre temps :
- Chapitre 1 à 5: La mort subite de Modou Fall entraine toutes les cérémonies liées à cette disparition : enterrement, condoléances, cérémonies du 3e Le partage de l’héritage « mirasss » permettra à la narratrice de connaitre la véritable identité de Modou Fall.
- Chapitre 6 à 17: Dans cette partie, la narratrice rappelle sa première rencontre avec Modou Fall, leur vie de couple jusqu’à l’intrusion de Binetou dans leur vie. Parallélement, elle rappelle aussi la vie du couple Aissatou-Maodo jusqu’à leur divorce. En plus, il ya aussi l’histoire du couple Samba Diack-Jacqueline.
- Chapitre 18 à 21: La narratrice relate dans cette partie la cérémonie du 40e jour, mais aussi les candidatures de Tamsir et de Daouda à sa main ; candidatures qu’elle va catégoriquement refuser.
- Chapitre 22 à 27: S’étant libérer de ses nouveaux prétendants, Ramatoulaye est désormais seule face à l’éducation de ses enfants. Les difficultés rencontrées sont multiples : probléme entre Mawdo et son professeur de Français, la grossesse d’Aissatou, le tio qui fument… Dans cette partie, on note surtout une volonté de la narratrice à reprendre sa vie en main.
2.4 L’espace et le temps
Le cadre spatiale du récit est la région de Dakar. La narratrice a mentionné les noms de lieux comme Ouakam, Ngor, Sébikotane, Grand-Dakar, Almadies, Rufisque… En plus de ce cadre, beaucoup de scènes se déroulent dans la consession de la narratice, dans la rue ou dans tous les lieux fréquentés par les personnages. On note aussi la référence au Sine, à Diakhao où est originaire tante Nabou. L’existence de ces lieux permet à l’auteur de donner non seulement un cadre à son histoire, mais aussi et surtout de relier les différents personnages à leur milieu.
L’histoire d’une si longue lettre se déroule après les indépendances. Quant au récit, il se divise en deux périodes : avant la mort de Modou Fall et après sa mort. C’est ce qui explique aussi le fait que la narratrice entremêle volontairement passé, présent et avenir à l’intérieur du texte.
2.5 Les personnages
Tous les personnages sont vus décrits à travers le regard, les yeux de Ramatoulaye, la narratrice. Elle est aussi connue à travers son propre récit. Ces personnages décrits, gravitent tous autour d’elle. Ainsi leur importance dépend du drame qu’elle traverse.
Pour l’étude de ses personnages, nous allons successivement voir :
- les personnages des deux couples mis en scène
- les enfants de l’héroïne
- les prétendants
- les coépouses
2.5.1 Les personnages des deux couples
Ramatoulaye : C’est la narratrice. Son nom apparait très tardivement dans le récit. Elle est originaire d’une grande famille et croyante (musulmane).
Comme épouse, Ramatoulaye est une maitresse de maison énergique. Elle attache de l’importance à la propreté corporelle comme à celle de la maison et à la gestion du budget familiale. Bien qu’elle considère Modou comme un traitre, elle avoue cependant l’avoir aimé passionnément, avec une assurance tranquille, en dépit de sa mère qui lui préférait Daouda Dieng. Elle a été toute dévouée à son époux, a devancé ses désirs et affirme rester fidèle à l’amour de sa jeunesse. Elle est lucide dans son jugement car accepte de chercher sa part de responsabilité dans l’échec de leur couple et de regarder en face son vieillissement physique. C’est ainsi qu’elle acquiert de la sagesse et semble renoncer à l’amour, préférant compter sur l’amitié. C’est pourquoi elle éconduit les prétendants de tous âges.
Comme mère elle est déchirée par deux sentiments contraires : la joie d’être mère et sa tristesse d’épouse abandonnée. Faute d’être aimée elle se dévoue à ses enfants, se réjouit de leurs résultats scolaires, les encourage, les soigne. Elle essaie d’être une mère aimante et compréhensive surtout à l’annonce de la grossesse de sa fille Aissatou. Cette compréhension se remarque aussi dans ses efforts pour admettre les courants du modernisme : cigarettes, pantalons et éducation sexuelle.
Comme femme, Ramatoulaye, depuis sa jeunesse a désiré un destin « hors du commun ». Elle se sait destinée à une mission émancipatrice. En plus, elle a une haute idée de sa fonction d’institutrice qui est pour elle un sacerdoce. Elle croit au rôle politique et même patriotique de la femme. Sa personnalité est elle-même un message : on peut d’ores et déjà définir cela comme un engagement féministe de l’auteur.
Modou : C’est le fils d’un homme simple et compréhensif. Il était beau dans sa jeunesse, parfait, séduisant, sensible, intelligent, tendre, prévenant et viril. C’est aussi un homme ambitieux, car après sa licence en droit, il est devenu conseiller technique au ministère de la Fonction Publique. Sa mère est fière de sa réussite. C’est aussi un syndicaliste clairvoyant, réaliste et pratique. Cependant, ce qui semble contradictoire chez cet homme, c’est sa trahison. Lorsqu’il s’est épris de Binetou, il s’est montré obstiné et tenace devant tous les obstacles. Il a trahi, abandonné sa famille. Malgré tout cela, à sa mort l’hypocrisie sociale louera tout de même en lui le bon père et le bon époux.
Aissatou : C’est la fille d’un bijoutier et épouse d’un « prince ». D’après Ramatoulaye, elle est belle et douce. Elle vit avec son mari une existence moderne car est habituée à la nappe et aux couverts. De son mariage avec Mawdo, elle aura 4 fils. Aissatou est décrite comme une femme naïve, car ne soupçonne pas la vengeance de sa belle-mère. En effet, celle-ci, n’ayant pas pu lui pardonner son origine de bijoutière, cherchera une autre épouse à son fils. Cependant, elle se montre digne en refusant tout compris imposé par la société quand son mari épousa la petite Nabou. Elle quitte son mari, préférant un amour sans partage. Elle ne s’arrête pas à son passé, mais se fixe un objectif et parvient à l’atteindre sans trop de difficulté. Sa générosité et sa grande amitié pour Ramatoulaye est matérialisé par le don de voiture qu’elle lui fit.
Mawdo : C’est le fils d’une princesse descendante du Bour-Sine et d’un Toucouleur. C’est un bon médecin et sa réputation est grande. Ramatoulaye gardera une grande confiance en ses capacités professionnelles car elle sait qu’on peut le réveiller à n’importe quelle heure. Ferme dans sa jeunesse, il admire les gens de valeur comme le père d’Aissatou. Il brava sa famille et l’opinion, provoque le reniement de sa mère en épousant une bijoutière. Moralement il est présenté comme faible car accepte la femme que lui impose sa mère au détriment de son premier mariage et son bonheur. Il est devenu triste, déboussolé car ayant perdu par sa propre faute la seule femme qu’il ait jamais aimé et qu’il continue encore d’aimer. Il assistera son ami Modou, dans ses derniers moments, impuissant devant la mort.
Il est important de noter que ces deux couples ont vécu dans leur jeunesse le même idéal intellectuel, ils étaient pleins de nostalgie, mais résolument progressiste. Ils étaient pétris de rigueur, avec une conscience debout. Ils ont connu tous deux les bonheurs simples, mais aussi les bouderies et réconciliation des jeunes ménages. Tous deux ont cru échapper aux pressions sociales. Tous les deux couples ont été déchirés par le drame habituel des couples vieillissants.
Fermes dans leur jeunesse, les deux hommes principaux du roman se montrent faibles dans la maturité. Ainsi tout est permis à l’homme lassé d’une épouse flétrie : tel est le scandale que dénonce l’auteur.
2.5.2 Les enfants de l’héroïne
Daba : Elle est directement concernée par le drame qui touche sa mère. Amie de Bintou, elle est doublement atteinte lorsqu’elle apprend que son amie est la rivale de sa mère. Elle se monte contre son père et pousse sa mère à rompre. Cette attitude se retrouve dans presque tous ses raisonnements.
Jouant son rôle d’ainée, elle seconde sa mère dans l’éducation des petits. Dotée d’une forte personnalité, elle veut contribuer à rétablir la justice et remplace sa mère convoquée auprès des professeurs, en cas de besoin. Elle se marie à Abdou qui la traite avec respect. La tendresse de leur couple fait rêver Ramatoulaye. Daba semble illustrer la jeune fille moderne, consciente de ses devoirs, mais aussi de ses droits.
Mawdo : C’est l’homonyme de Mawdo Ba. Il est le cadet de Daba. Il est décrit comme quelqu’un qui a des dons littéraires remarquables. Il s’insurge et rouspète contre un professeur Blanc, raciste, qui privilégie un autre élève blanc à son détriment.
Aissatou : Elle est l’homonyme de la destinataire et prend la relève de Daba dans la marche de la maison. Elle fait la toilette des petits, se charge d’emmener son frère à l’hôpital lors de l’accident du cyclomoteur. Elle est décrite comme intelligente, car raisonne sur tout avec une clarté d’esprit remarquable. Elle est aussi franche car avoue sans fard sa rencontre avec Iba Sall, ce jeune séducteur qui l’a mise enceinte. Ce dernier deviendra un frère pour tous.
Aminata (Amy) et Awa : Ce sont deux jumelles. Elles se confondent physiquement, mais ont des caractères très différents. Awa travaille moins bien qu’Aminata.
Arame, Yacine, Dieynaba : C’est le trio inséparable. Elles fument de la cigarette et portent des pantalons ce qui provoque le courroux de leur mère. Elles condamnent l’acte d’Iba et le lui manifestent.
Alioune et Malick : Ils ont un accident de vélomoteur par leur faute et se plaignent de l’absence de terrains de jeux dans leur cité.
Oumar : Il est âgé de 8 ans
Ousmane : C’est le dernier né, âgé de 6 ans. Il semble gâté, mange du chocolat sans retenue. Il est l’ami de tante Aissatou dont il a le privilège d’apporter les lettres à sa mère.
2.5.3 Les prétendants
Tamsir : Il est le frère ainé de Modou et lui ressemble. C’est avec assurance qu’il déclare à Ramatoulaye son intention de l’épouser à la sortie du deuil : il essuie un échec.
Daouda Dieng : Premier prétendant de Ramatoulaye dans sa jeunesse, il est médecin. La mére de Ramatoulaye le préférait à Modou. Il a du charme, un rire franc, communicatif, de belles dents, l’œil intelligent et les lèvres volontaires. Il est bon époux. Son foyer est entouré de respectabilité. Député, il reste accessible. Il est sérieux dans son action et c’est un homme de droiture et un homme de devoir car continue d’exercer la médecine par pur sens civique. Il fait sa demande de mariage à Ramatoulaye en un discours délicat, en se montrant sincère, raisonnable, gêné. Mais il ne supporte pas que Ramatoulaye lui propose une simple amitié et lui répond : « tout ou rien »
2.5.4 Les coépouses
Binetou : Elle est la deuxième épouse de Modou Fall, dont elle a eu trois enfants. C’est aussi l’amie de classe de Daba. Au départ, elle est peinte comme une jeune fille frêle, jolie, timide, belle et enjouée. Elle se métamorphose sous l’effet du sérieux problème que lui pose le vieux qu’elle épouse sous la pression de sa mère. Pour Ramatoulaye, elle a immolé sa fraicheur dans son mariage. C’est un agneau immolé, victime de sa mère, vendue par elle.
Après quelques années de mariage, elle est devenue exigeante et se moque du vieillissement de Modou. Elle essaie de briller dans la société, de faire la grande dame en se pavanant dans une Alpha Roméo fréquemment changée. Sa mère jubile de fierté. Mais on remarque qu’elle est malheureuse et les retombées de son drame seront très dures pour elle et pour sa mère.
Nabou : Elle est la deuxième épouse de Mawdo Ba. Elle a eu deux enfants de lui. Elle est amenée tout enfant dans le ménage d’Aissatou et de Mawdo par les soins cruels de Tante Nabou (Seynabou) qui forge son caractère. Elle fréquente l’école française grâce à l’intervention de Ramatoulaye. Elle acquiert la notion de la grandeur de la race. Elle est décrite comme douce, généreuse, docile. Elle devient sage-femme. Pas plus que Mawdo, elle ne résiste à l’intrigue de Tante Nabou. Docile dans sa vie personnelle, elle est une battante dans sa vie professionnelle. Son métier lui donne des responsabilités. Elle l’aime, rentre harassée.
Notons en remarque qu’au départ, ces deux jeunes filles n’ont pas des personnalités très marquées, ce ne sont pas elles qui ont provoqué les hommes et cherché à détruire les foyers. Elles sont finalement présentées comme des victimes de la société : ce sont les hommes qui font le choix de l’union conjugale.
Ce qu’on remarque aussi, c’est que dans chacun des cas, c’est une femme âgée (une belle-mère) qui est l’instigatrice des nouvelles épousailles et provoque la catastrophe dans les foyers.
Pour conclure cette partie, nous pouvons dire que les personnages de ce roman sont plus porteurs d’une idéologie qu’intéressants comme individus. Ainsi les femmes sont avant tout des épouses trompées ou des proies de l’amour masculin. Les hommes sont responsables par leur faiblesse, d’immenses drames familiaux. Ce roman défend donc une thèse : c’est ce qui rend utile une étude thématique.
2.6 Les thèmes
Une si longue lettre traite des problèmes que posent l’éducation des enfants, les problémes du mariage, les cérémonies familiales, le poids de la tradition… En un mot, c’est la peinture de la société sénégalaise que nous présente l’auteur. On peut noter aussi en filigrane des thémes comme : le statut de l’homme, les conditions de la femme, le mariage, l’amour et l’amitié, la polygamie, les cérémonies familiales, les problèmes de caste, la critique des mœurs sociales, les belles familles…
CONCLUSION
Une si longue lettre peut se lire comme une lettre ouverte ou un manifeste où l’auteur défend une thèse : celle du droit et du devoir de la femme à participer dans tous les secteurs du développement de son pays.
Dans ce roman, Mariama Bâ nous enseigne sur les mœurs de la société sénégalaise en mutation, mais aussi les conditions de la femme.
Tout au long du roman, c’est un cœur qui parle, mais c’est l’esprit qui prend l’écriture en charge. C’est une écriture simple, claire, qui refuse tout bavardage et le remplissage. Le ton pathétique (sentimental), ajouté à la poésie des amours ratées, donne au roman une allure à la fois bouleversante et attachante.
Les thèmes de la condition de la femme, de l’éducation des enfants (éducation sexuelle) et la place que doit occuper la femme sont plus qu’actuelle. Ils donnent ainsi au roman ce cachet moderne et actuel qui participe à l’éternité de cette œuvre remarquable.